Sonnet (Salus)

Sonnet

L'on comprend mal quand il me semble,
Poètes, en écrire d'autres,
Que tremble avec le pas de l'amble
La démarche qu'on les vers vôtres.

Car pour moi la musique est double
- Dont la note et le sens sont centres -
Indissociée en un couple
Brûlant, tel que flammes et cendres.

Et l'art monocorde de l'arc,
S'il le tire à chaque coup sur
Sa sensible cible, l'Azur

Protéiforme oublie un trait
Qui se perd dans le vaste parc
Dont le ciel n'en est que l'adret.

Lau :

Avec aussi la sarbacane,
L’on y pourrait monter en gamme ;
A se démarquer des canons
De la beauté collée aux monts
Qui s’amassent sur Le Parnasse.

Ou l’arbalète vers la cime
Qui nous titille et n’assassine
Rien mais se colle aux étymons
A nous tendre les artimons
Qui nous glissent vers Le Délice.

Salus :

Comme l’eau dans la barbacane
Arrosant l’agrume et l’igname,
Comme la filtre les fanons,
C’est auguste, nous l’affirmons,
D’ajouter ainsi dans la nasse

Quelque ablette nouvellissime
Pour cette pêche où s’enracine
Le but - et pourquoi nous trimons -
Or nous aimons cet art : rimons
Tant qu’enfin le son se déplisse !

Près de ce ru, ce serait comme
Un héritage d’épigone,
Au bord de ce Styx, nous ramons,
Nous abreuvant des aramons
Qui, sous presse, fêtent la noce

De la gardonne, cette conne !
Mais jamais sa beauté ne gomme
Ni tout ce temps que nous grimons
Ni nos proches que nous brimons
Les reléguant, vile cimosse.

Tout ça brille comme le chrome !
Mais ce sont bien des jeux de gone
Qui nous font fiers et rodomonts
Quand, plutôt courges, giraumonts,
Il n'est rien que notre écrit n'ose !

Continuons notre chacone,
En sachant que, géant ou gnome,
Même grimauds nous arrimons
Nos mots ! - ou nous nous abîmons
Dans un  néant, vil et si moche !

Lors, à tout chacun, sa chacune ;
Pétillante lettre, l’agrume
Aux zestes anges ou démons,
Les papilles, nous animons,
Sur un goût qui, jamais, ne m’use.

Jaloux du citronnier -sa grume-
Défunt, notre os n’est que lacune,
Passés le verbe et les sermons ;
Pour cette altérité, signons
Le blanc-seing avec notre muse.

Je propose que, tout en une,
La partie en vienne, posthume,
A l'exæquo, qui lui, du moins,
Avec ces beaux vers dont tu m'oins
- Et fallait-il que je le susse -

Me préservera d'un gros rhume
De cerveau, voire, à la lagune,
D'aller immerger mes besoins,
Lestés avec mes plus grands soins,
Après boire toute la Suze !

Dacodac, ce fut un plaisir
D'inaugurer ce neuf espace
Sur ce sonnet, charmant loisir.
Qui dit que jeunesse se passe ?

Jouer ensemble, c'est la classe !
Mais l'on atteindrait aux Æsir
Si l'on trouvait quelque comparse
Susceptible d'y réussir !